L’association au quotidien

Dans cette rubrique, vous retrouvez les dernières actualités de l’association mais aussi les témoignages de professionnels qui nous parlent de leur métier et missions au sein de notre association.

Janvier 2023 : ça s’est passé ces dernières semaines !

Galette des bénévoles

Mardi 24 janvier

Chaque année, l’association invite ses bénévoles pour la galette traditionnelle. Nous nous sommes donc retrouvés au siège de l’association à Vertou. L’occasion pour chacun de se présenter et d’indiquer sur quelle activité il/elle intervient : cours de français, aide aux devoirs, récupération de meubles, bagagerie, … Le président Jean-Pierre Cadio a remercié l’engagement de tous. Après la dégustation de la galette, chacun est reparti avec son petit cadeau ! Merci à tous nos bénévoles !

Forum du bénévolat

Vendredi 20 et Samedi 21 janvier

Nous étions présents au Forum du bénévolat à la Manufacture de Nantes organisé par France Bénévolat. Cet événement a été l’occasion de rencontrer de futurs bénévoles de toutes les générations mais aussi de nouer de nombreux contacts avec d’autres associations qui œuvrent dans le même secteur que nous. Nous remercions toutes les personnes de leur visite et nous espérons qu’ils viendront nous rejoindre pour une future collaboration.

On ouvre les portes … des sites d’accueil du plan hivernal

20 janvier 2021

Nous sommes allés à la rencontre de Mathilde qui est salariée de l’association depuis le 1er septembre 2020. Elle nous connaissait déjà, puisqu’en 2018, elle avait été accueillie 2 mois pour un stage dans le cadre de sa deuxième année de DUT carrières sociales. Elle avait effectué son stage au CHRS Ametis au sein du service Atlas.

💬 Je suis titulaire d’une licence professionnelle dans l’accompagnement des publics vulnérables. Je suis arrivée à l’association l’été dernier. Après avoir participé à l’ouverture de la maison de St Aignan, depuis cet hiver, je suis accompagnante sociale à Gustave Roch, à la maison des femmes de Port la Blanche dans le cadre du plan hiver et toujours à la maison de St Aignan.

💬La Maison de St Aignan est un hébergement d’insertion. il s’agit d’une colocation de 6 personnes. L’accompagnement social est limité, les résidents sont en autonomie dans la maison. Pour intégrer la maison, les personnes doivent avoir un revenu (RSA/ADA) pour participer à l’hébergement, il n’y pas de restauration collective, les personnes doivent donc être en capacité de faire leurs propres courses pour préparer leurs repas. Nous accueillons actuellement 6 hommes aux profils variés (un homme réfugié, un autre en attente de titre de séjour, un usager travaillant sur les AVA en cuisine …).

💬L’équipe de Gustave Roch est actuellement composée comme ceci : à l’accueil, Pedro et Christine (qui intervient aussi à la Tannerie et à la Bagagerie, moi-même pour l’accompagnement social les lundis, mercredis et vendredis et enfin Pauline, l’infirmière des LHSS hors les murs qui intervient une fois par semaine. L’équipe d’accueil a des horaires de jour de 8h à 15h puis de 15h à 22h. La surveillance de nuit est assurée par Hemeria et les weekends par les bénévoles de la Protection Civile. Les personnes accueillies à G Roch sont, soit des personnes très désocialisées avec un long parcours de rue, soit des personnes étrangères en demande d’asile ou en cours de régularisation. Lors de mes permanences, nous travaillons à la réouverture des droits et à d’autres démarches permettant l’accès si possible à un hébergement au 31 mars prochain, date de fermeture du foyer. Les profils actuels des personnes sont très variés (en âge et type de population) ce qui permet un certain équilibre, une atmosphère calme et apaisée. Aurore, animatrice à la Tannerie, vient le jeudi après midi et propose des activités diverses ainsi que des cours de français. Des bénévoles viennent aussi en soutien de l’équipe le temps des repas quasiment tous les jours sauf le dimanche, cela soulage bien l’équipe !

💬La maison de Port la Blanche est située dans le quartier de St Joseph de Porterie à Nantes. Nous accueillons des femmes dans le cadre du plan hiver. Il s’agit d’une colocation pour 6 femmes avec des revenus, il n’y a pas de repas fourni. Pour le moment, les résidentes viennent de Gustave Roch, elles sont 4 actuellement. La maison comprend 5 chambres dont 1 double. Les personnes sont en autonomie et partagent la cuisine commune. et un grand salon avec TV. Elles ont chacune un frigo et un micro onde dans leur chambre, mais la plupart du temps elles cuisinent ensemble. Pour le moment, les femmes sont toutes d’origine étrangère, nous aurons donc beaucoup de démarches à accomplir avant la fin de la période hivernale (31 mars).

Merci Mathilde pour ce tour d’horizon de ces 3 dispositifs du pôle Hébergement/Logement !


On ouvre les portes des … services d’insertion professionnelle

A la toute fin de sa mission de service civique, Juliette a rencontré Emilie, conseillère en insertion professionnelle auprès des personnes travaillant sur les chantiers d’insertion et les actions de dynamisation de l’association.


Emilie a réalisé des études commerciales puis s’est réorientée l’année dernière, via une formation conseiller en insertion professionnelle (CIP) de 8 mois. Elle a obtenu son titre professionnel en novembre dernier et a travaillé  sur un poste de remplacement d’un congé maternité jusqu’à la fin du mois de septembre.

▪️Quel est votre rôle dans l’accompagnement des personnes suivies par les services d’insertion professionnelle de l’association ?
💬 J’accompagne les salariés des chantiers d’insertion et des ateliers de dynamisation dans leurs démarches liées à l’insertion professionnelle.
Le but est de les aider à retrouver la voie de l’emploi. Il s’agit donc de lever les freins à l’insertion dès l’arrivée des personnes dans ces services. Les salariés sont aussi accompagnés sur les volets logement et santé par des assistantes sociales, auxquelles je peux venir en aide sur ces sujets, en plus de l’aspect professionnel.
▪️Pouvez-vous nous présenter les chantiers d’insertion et les actions de dynamisation ?
💬 Les chantiers d’insertion accueillent 40 personnes et les actions de dynamisation, 14 personnes.
Concernant les chantiers d’insertion, les personnes éloignées de l’emploi qui y travaillent bénéficient d’un contrat de 26h/semaine de six mois, renouvelable pour une durée totale de 2 ans. Différents chantiers existent : espaces verts, nettoyage, second-œuvre et peinture. Vous pouvez lire l’interview de mon collègue Philippe, encadrant de l’équipe second-œuvre et peinture pour plus d’informations sur le fonctionnement des chantiers.
Pour ce qui est des actions de dynamisation, elles permettent aux personnes bénéficiaires du RSA de travailler en cuisine, en ménage-buanderie ou maraîchage, selon un contrat de 9h/semaine. Ces personnes sont orientées par les assistantes sociales ou l’unité emploi du département qui accompagne les personnes allocataires du RSA. Leur suivi est plus poussé que pour les personnes en chantiers d’insertion. C’est en quelque sorte l’étape avant les chantiers d’insertion, pour des personnes plus éloignées de l’emploi qui peuvent ensuite rejoindre les chantiers.
▪️Dans quelles démarches concrètes les aidez-vous ?
💬 J’aide les salariés à préparer leur CV, des lettres de motivation, à rechercher des stages, et plus globalement à établir un projet professionnel avec eux.
▪️Comment se déroule une journée type pour vous ?
💬 Les journées ne se déroulent jamais comme prévu.
Avant le covid, chaque matin, nous organisions une réunion avec les salariés de chaque chantier. Cela n’est plus possible mais les salariés peuvent toujours venir me voir le matin, avant d’aller travailler, pour me poser des questions concernant leur suivi. Nous regardons ensemble s’il est possible de trouver des réponses à leurs interrogations rapidement et sinon, nous fixons un rendez-vous pour le faire.
Je traite ensuite mes différents mails et appels. Les journées sont aussi rythmées par les rendez-vous avec les salariés, pour réaliser diverses démarches. D’autres éléments peuvent venir se greffer à notre quotidien. Pour vous donner un exemple, demain nous recevons une référente du département pour faire un point avec les salariés qu’elle suit.
Nous pouvons aussi organiser des ateliers collectifs, bien que le contexte n’y soit pas propice actuellement, pour expliquer aux salariés, en groupes, comment réaliser un CV, se préparer à un entretien, comprendre une fiche de paye etc.
Les tâches sont différentes tous les jours, elles évoluent selon les besoins des salariés accompagnés. Notre quotidien est donc très varié, ce qui est stimulant et enrichissant.
▪️Comment avez-vous vécu le confinement ?
💬 J’étais en télétravail et j’ai plutôt bien vécu le confinement. J’avais la chance d’avoir un cadre de vie agréable durant cette période.
Pour moi, le plus important était de garder un lien avec les salariés. Nous nous appelions donc une fois par semaine. C’est important pour ces personnes déjà exposées à l’isolement se retrouvant seules face à elles-mêmes, d’avoir ces contacts.
Les salariés avaient aussi besoin de nouvelles concernant leur retour au travail, ils étaient impatients de revenir. Nous avons poursuivi à distance l’accompagnement professionnel lorsque cela était possible et lors du « déconfinement », nous avons tout repris ensemble. Je suis contente d’avoir retrouvé les salariés et de pouvoir les voir tous les jours à nouveau !
▪️Le mot de la fin
💬 Je découvre mon métier un peu plus chaque jour, c’est passionnant et enrichissant.
Mon cadre de travail me plaît beaucoup. Le temps de présence des personnes travaillant sur les chantiers permet de co-construire de véritables projets tout en ayant de nombreux contacts quotidiens avec eux.
J’aime aussi beaucoup le travail d’équipe que nous réalisons avec les encadrants des chantiers et les assistantes sociales mais aussi avec les salariés. Je ne fais pas les choses à leur place mais avec eux, c’est le sens de notre accompagnement. Le but est de faire en sorte qu’ils acquièrent par eux-mêmes, avec notre appui, les clés nécessaires à leur insertion professionnelle.


On ouvre les portes de… HUDA

10 août 2020

Juliette a rencontré Benoît, coordinateur du service HUDA Les Açores de l’association afin qu’il nous explique le fonctionnement et la vie quotidienne de son service.

Pouvez-vous nous présenter le service HUDA ?

« Le service HUDA est un dispositif national qui a été créé en parallèle du service CADA, établissement originel d’accueil des demandeurs d’asile.
« H.U.D.A. », cela veut dire Hébergement d’Urgence pour Demandeur d’Asile. Nous accueillons toutes les personnes en procédure d’asile soit en procédure dite normale ou accélérée, soit en procédure Dublin ce qui veut dire que la personne est passée par un autre pays européen et que le temps de cette procédure, les Etats doivent déterminer lequel d’entre eux étudiera la demande d’asile de cette personne.


Ce service est né en 2012 avec l’accueil de 8 familles à Vallet. A cette époque nous n’assurions que l’hébergement puis nous avons capté d’autres logements et avons aussi proposé un accompagnement social des personnes.


En 2015, dans le cadre d’une refonte de l’asile et la parution d’une nouvelle loi, l’ASBL a transformé ces places en ATSA (Accueil Temporaire Service de l’Asile), un dispositif nouveau. Cette transformation a été marquée par l’arrivée de 19 premiers relocalisés de France en provenance d’Italie. L’Europe, faisant face à une arrivée massive de migrants sur les côtes méditerranéennes en Italie et en Grèce notamment, a créé ce programme afin de répartir les personnes dans tous les pays européens hors procédure Dublin.


En janvier 2019, les services ATSA ont disparu en se transformant pour la plupart en HUDA.


Comme au CADA, l’OFII nous oriente les personnes dans le cadre du Dispositif National d’Accueil (des demandeurs d’asile) qui gère les Conditions Matérielles d’Accueil (hébergement et Allocation pour Demandeur d’Asile).


Comment est organisé le service ? Comment est composée l’équipe de HUDA ?


« Le service HUDA est divisé en deux, avec un site à St Herblain (ancien lycée Jeanne Bernard) et un site à Saint-Sébastien (« 209 bis »). En tout, le service HUDA accueille 337 personnes, dont 168 accompagnées par l’équipe du 209 bis que je coordonne. Les deux parties du service accueillent à la fois des familles et des personnes isolées.


Sur Jeanne Bernard, il y a 7 référents sociaux ainsi qu’une coordinatrice. Au 209 bis, il y a 4,5 temps plein référents sociaux, un agent de logistique dédié au site semi-collectif de Vallet ainsi qu’un coordinateur. Ces deux parties du service HUDA sont placées sous la responsabilité d’une cheffe de service. Les référents sociaux ont tous la même fiche de poste, quelle que soit leur formation (Conseillère en Economie Sociale et Familiale, Chargée d’Accompagnement Social et Professionnel, Assistante Sociale, Educateur Spécialisé etc.). »


Dans quels types de logement sont hébergés les demandeurs d’asile ?


 « Les demandeurs d’asile sont accueillis en logement individuel ou en colocation dans des logements diffus. Ces logements sont dispersés sur Nantes Métropole et Châteaubriant. Il existe également un lieu d’hébergement semi-collectif situé à VALLET où les demandeurs d’asile sont hébergés dans une grande maison dans laquelle chaque famille ou isolé dispose de sa partie privative. »


Combien de temps les personnes restent-elles à HUDA ?


« Les personnes sont accueillies jusqu’à la fin de la procédure de demande d’asile, qui est d’une durée, pouvant aller de quelques mois à plus de deux ans. Il peut arriver que les demandeurs d’asile se maintiennent de manière irrégulière une fois la demande d’asile traitée. Les délais sont plus longs en procédure Dublin donc la durée d’accompagnement de l’HUDA également. »


Que deviennent-elles ensuite ?


« En ce qui concerne la procédure de demande d’asile classique, vous pouvez lire ce que Thierry, coordinateur du CADA, a expliqué dans son interview. Concernant la procédure Dublin, nous arrêtons la prise en charge lorsqu’un transfert intervient. Nous poursuivons donc notre accompagnement jusqu’au retour effectif, si c’est ce qu’a demandé la Préfecture. Si les demandeurs d’asile ne quittent pas le service HUDA alors qu’ils ne devraient pas s’y maintenir, une procédure d’expulsion peut être engagée par la Préfecture ou la DDCS, tout en cherchant des solutions possibles avec les partenaires et les personnes concernées.
Les demandeurs d’asile déboutés peuvent ouvrir une autre demande de séjour (ex : carte de séjour santé) mais c’est complexe. »


En quoi consiste l’accompagnement des demandeurs d’asile par HUDA ?


« Il s’agit, dans un premier temps, d’assurer le premier accueil des personnes, en leur préparant un logement adapté à leur situation et en leur fournissant des kits d’hygiène et de vêture ainsi qu’un livret de présentation du quartier dans lequel elles sont installées. Nous réalisons, lors du premier accueil, une prise d’informations rapide concernant l’obtention ou non de la CMU (couverture maladie universelle), d’une carte de bus et d’une carte de paiement de l’OFII notamment. Nous leur créons une domiciliation postale. Les demandeurs d’asile signent enfin un contrat de séjour lors de leur arrivée à HUDA.


Concernant la carte de paiement, chaque demandeur d’asile bénéficie d’une allocation, comprise, avec l’hébergement, dans les conditions matérielles d’accueil. Cette aide est variable selon la composition familiale (environ 200 euros/mois pour un isolé et 300 euros pour un couple).
Dans un second temps, une fois les personnes installées, l’accompagnement se met progressivement en place. Divers rendez-vous sont organisés avec le travailleur social référent des demandeurs d’asile : un pour le volet social, un autre pour le volet procédure d’asile et parfois, lorsque cela est nécessaire, un volet médical. Un appel à interprète est possible pour la bonne réalisation de ces rendez-vous bien qu’il soit limité.
Lorsque le demandeur d’asile engage un recours devant la CNDA (Cour nationale du droit d’asile), en cas de rejet de la demande par l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), nous travaillons alors avec des avocats, auxquels nous fournissons des informations précises sur la situation des personnes concernées, pour les aider.


Nous travaillons également à la scolarisation des enfants des demandeurs d’asile. Il s’agit en principe d’assurer seulement l’inscription administrative des enfants dans un établissement scolaire. Parfois, nous assurons aussi un certain relais, lorsque les parents peinent à gérer seuls les différentes problématiques liées à la scolarité de leurs enfants.


Enfin, des réunions d’information collective sont organisées en transversalité sur les différents services de l’association accueillant des demandeurs d’asile (CADA, CAO, SAFED, etc), sur la procédure de demande d’asile, les droits des réfugiés, le repérage administratif etc. »


Notre accompagnement consiste également à préparer les personnes à la sortie du dispositif. Les personnes ne voient pas toutes les mêmes droits s’ouvrir pour eux, ainsi, nous les accompagnons dans la compréhension de ce qui est possible ou accessible mais aussi de ce qui ne l’est pas. Ainsi, au-delà de l’accompagnement dans la procédure de demande d’asile, l’essentiel de notre activité est tourné vers l’insertion sociale, bien que cet objectif soit conditionné et incertain. »


Aidez-vous les demandeurs d’asile à s’occuper et s’intégrer via les loisirs ?


« La gestion du temps d’attente ne fait pas partie des missions énoncées de l’HUDA, à la différence du CADA. Nous essayons tout de même de mettre en place des activités auprès des personnes accueillies. Par exemple, nous avons remarqué que les femmes avaient tendance à s’isoler et avaient donc peu de contact avec d’autres personnes. Nous avons donc créé un groupe de femmes, qui a participé à différents ateliers co-construits avec les travailleurs sociaux (ateliers cuisine, bien-être etc.), à un rythme de deux rencontres par mois en moyenne. Nous avons aussi un projet de sensibilisation à l’hygiène dans le logement par le jeu, que nous espérons pouvoir mettre en place bientôt. »


Comment s’est passé le confinement dans votre service ?


« Cette période nous a permis de prendre conscience de l’autonomie de certaines personnes et familles qui nous ont parfois surpris en réagissant rapidement et en s’organisant pour gérer au mieux cette période inédite et complexe.


Aucune personne accompagnée n’est tombée malade du covid-19. Toutefois, le confinement a provoqué l’apparition de certaines difficultés. Les démarches médicales et administratives ont été stoppées, causant une certaine dégradation de l’état physique et psychologique des demandeurs d’asile. Le suivi scolaire a aussi posé problème, étant donné que les personnes n’avaient pas forcément accès à un ordinateur ou Internet. Cela a révélé ou accentué les inégalités scolaires. Ces petits problèmes continuent d’impacter la vie du service, il y a un certain retard à rattraper.


S’agissant de l’équipe, certains collègues l’ont bien vécu car ils avaient de bonnes conditions de travail, d’autres moins. Nous avons en tout cas réussi à nous organiser à distance pour assurer la continuité du service autant que possible. Nous contactions les personnes accompagnées par téléphone. Nous nous déplacions également sur les différents lieux d’hébergement pour la distribution de masques, d’attestations de déplacement dérogatoire et pour expliquer ce qu’impliquait concrètement le confinement. Cela a permis de renforcer les contacts que nous avions grâce au téléphone et s’assurer que tout le monde allait bien.
Aujourd’hui, les familles reviennent dans les bureaux pour la poursuite de l’accompagnement. »


Le mot de la fin


« Je crois qu’il faut insister sur l’aspect mouvant du service, dont le fonctionnement a fluctué au gré des politiques sociales. Bien que le dispositif existe depuis plusieurs années, le cahier des charges HUDA n’a été créé qu’en 2019 définissant notre cadre d’intervention et nos missions. Il est désormais plus aisé de construire une posture professionnelle, un fonctionnement de service efficient et adapté, avec ce cahier des charges. Mais nous restons conscients du caractère mouvant de ce dispositif.
Nous sommes passés d’un accompagnement sectorisé, l’hébergement et l’aspect social étant auparavant assuré par un accompagnant et l’asile par un autre, à un accompagnement global avec un référent unique. Nous avons donc mis en place des réunions de synthèse entre les salariés pour avoir une vue générale sur toutes les situations du service afin que l’équipe soit bien au fait des situations singulière et relais en cas de besoin.
Beaucoup de choses sont donc évolutives et c’est ce qui fait en partie la richesse de notre travail ! »


On ouvre les portes de… la Halle aux bagages

6 août 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association a rencontré Christophe, responsable de la Halle aux bagages, la bagagerie sociale de l’association, pour échanger avec lui. Le service a fait peau neuve et vient de déménager sur le site de la Tannerie. Suivez-nous pour que Christophe vous explique comment fonctionne la bagagerie au quotidien !

Pouvez-vous nous présenter la Halle aux bagages et son équipe ?

« La Halle aux bagages de Saint-Benoit-Labre a été créée en 2006 et est aujourd’hui la seule bagagerie sociale à Nantes. Elle a vocation à permettre à toute personne majeure (et aux mineurs non accompagnés), quelle que soit sa situation sociale et familiale, de pouvoir déposer des affaires dans un lieu sûr le temps de régler des difficultés d’hébergement.

La Halle aux bagages est un petit service, nous sommes, avec Christine, les seuls salariés du service. Nous travaillons aussi à l’accueil du CHRS de la Tannerie, sur le même site.

Un bénévole est également présent sur chaque permanence, nous apportant une aide précieuse. Nous avons une équipe de 8-9 bénévoles au total, même si ce chiffre est variable. Il s’agit tant d’étudiants que d’actifs, de demandeurs d’emploi et de retraités. Geoffrey, volontaire en service civique à la bagagerie et au CHRS de la Tannerie nous accompagne aussi. Son investissement et son dynamisme sont très appréciables !

C’est important de ne pas être seul lors d’une permanence. Les conditions sont meilleures, à plusieurs, pour véritablement créer un contact avec les usagers, tout en sécurisant les affaires. »

Quel est le profil des usagers de la bagagerie ?

« Des personnes aux profils différents viennent à la Halle aux bagages. Il peut s’agir de personnes vivant à la rue comme de personnes accueillies par des structures spécifiques comme les CHRS par exemple, de tous âges, mais principalement d’hommes. »

Comment fonctionne la Halle aux bagages concrètement ?

« Les permanences ont lieu les après-midis, de 14h30 à 16h30.
Les usagers du service s’inscrivent, obtenant ainsi une carte, marque de leur inscription et de leur acceptation du règlement de la bagagerie.

Les usagers doivent passer tous les trois mois minimum à la bagagerie. Il y a donc un travail de suivi à réaliser pour s’assurer que les usagers respecteront cet engagement.

Depuis le déménagement, nous avons réduit nos capacités de stockage et limitons désormais les bagages dans leur nombre, trois par personne, et leurs dimensions. »

Comment a été vécu le confinement dans votre service ?

« En plus du Covid-19, le service était et est toujours aujourd’hui perturbé par le déménagement de la bagagerie. Nous étions auparavant situés rue Fouré à Nantes, et sommes désormais présents sur le site de la Tannerie, dans le quartier de Chantenay, à Nantes. Nous devions déménager en mars mais ne l’avons fait qu’en mai, à cause du confinement. Cette crise sanitaire nous a obligé à modifier notre fonctionnement concernant les modalités d’accès afin de respecter les gestes barrières. Il y a beaucoup moins de monde qui se rend à la Halle aux bagages en ce moment, à cause du covid mais sans doute aussi du fait que les personnes n’ont pas forcément repéré le nouveau lieu de la bagagerie, malgré notre communication. Les usagers prennent aussi le temps de mettre leurs bagages stockés dans l’ancienne bagagerie aux normes pour pouvoir rejoindre les étagères de la nouvelle bagagerie.

Concernant nos pratiques, l’usage du téléphone est beaucoup plus important ces dernières semaines. Depuis que nous avons déménagé, et à cause du covid, les personnes ne peuvent effectivement plus venir déposer et chercher des affaires sans rendez-vous. Nous devons donc répondre aux différents appels et organiser des plannings permettant d’éviter une affluence trop forte dans notre service. En moyenne, l’année dernière, 27 personnes se rendaient à la Halle aux bagages par jour, c’est beaucoup moins aujourd’hui.

De plus, les personnes, lorsqu’elles viennent à la Halle aux bagages, y restent moins longtemps. Nous n’avons pas encore bien installé de coin convivial, même si nous proposons chaque fois un café ou un thé aux usagers. De plus, je pense que les personnes ne sont pas encore habituées aux nouveaux locaux. Dans quelque temps, nous mettrons à disposition des usagers des vestiaires, ce qui permettra de créer un lieu polyvalent et agréable pour eux. »

Comment les usagers ont-ils eu connaissance de l’existence de la Halle aux bagages ?

« Un livret d’urgence est distribué aux personnes en situation de précarité dans différentes structures sociales. Elles peuvent y trouver des adresses où se faire soigner, trouver un hébergement etc. La bagagerie y est notamment mentionnée.

L’Association La Cloche Pays de la Loire (et son programme Carillon), réseau de commerçants solidaires qui offrent aux personnes en difficulté des services gratuits, communique également sur la Halle aux bagages.

Enfin, le Soliguide, qui est national, recense des adresses utiles, dont la nôtre, aux personnes en situation de précarité sur leur site Internet. »


Interview de Louana, volontaire en service civique

4 août 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association, a échangé avec Louana qui a 21 ans et s’est engagée en tant que volontaire en service civique auprès de notre association. Elle a fait des études d’anglais qu’elle a arrêtées en décembre l’année dernière puis quelques jobs alimentaires avant de rejoindre la voie du volontariat.

Quelles missions de bénévolat réalisez-vous ?

« Je réalise une mission d’animation au foyer Jeanne Bernard, un foyer d’urgence qui accueille des mineurs non accompagnés (MNA). Le foyer peut accueillir jusqu’à 48 jeunes, entre 14 et 18 ans. Ils restent habituellement quelques semaines voire quelques mois, mais cela a pu durer un peu plus avec le confinement. Je peux aussi apporter mon aide sur certaines tâches administratives lorsqu’il n’y a pas besoin de compétences particulières.

Je suis présente au foyer les après-midis, de 13h à 19h, et je propose des activités créatives aux jeunes, selon leurs demandes et leurs envies. Des cours de français sont aussi proposés mais je n’y participe pas, ce sont des bénévoles qui les dispensent. En dehors des activités régulières que je peux proposer comme de la peinture ou la fabrication de bracelets, j’organise aussi des sorties. Celles-ci sont plus rares car elles sont plus coûteuses et nécessitent une certaine organisation mais je peux par exemple proposer aux jeunes d’aller à la patinoire. »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ?

« J’en avais marre de faire des petits boulots, je m’ennuyais. Des personnes de mon entourage m’ont parlé du service civique, je me suis dit que je me sentirais plus utile et que je m’amuserais plus en service civique qu’à Burger King… J’ai vu l’offre de service civique de Saint-Benoit-Labre qui m’a beaucoup intéressée, j’ai postulé et voilà ! »

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

« Cette mission de service civique me plaît beaucoup et m’a permis d’envisager une réorientation. C’est une mission très épanouissante dans laquelle je me rends utile tout en m’amusant. J’aimerais beaucoup pouvoir continuer à faire ce genre de choses par la suite, j’ai l’impression d’avoir trouvé ma voie. J’aimerais travailler dans le domaine social et donc passer des concours pour être travailleur social. Il faut encore que je me renseigne mais c’est un projet que j’ai en tête et que j’aimerais réaliser ! »


On ouvre les portes du… CADA

27 juillet 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association a rencontré Thierry, coordinateur du service CADA (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile) Les Alizés, pour qu’il nous explique le fonctionnement et la vie quotidienne de son service.

Pouvez-vous nous présenter le CADA ?

« Le CADA de l’association Saint-Benoit-Labre a été créé en 2001. Il accueillait à l’origine 6 familles, pour 26 places. Celles-ci étaient logées sur le site du 209 bis route de Clisson, à Saint-Sébastien-sur-Loire.

Après plusieurs extensions successives, le CADA dispose aujourd’hui d’une capacité de 115 places. Nous accueillons 40 personnes isolées, les places restantes étant des familles avec enfants. Chaque ménage est logé dans un appartement indépendant dans l’agglomération nantaise, les personnes seules aussi mais en colocation, avec chacune leur chambre individuelle.

Le CADA n’est donc pas un « centre d’accueil » à proprement parler mais un établissement assurant le logement et l’accompagnement social et juridique global de demandeurs d’asile.

Les bureaux de l’équipe, composée de 6 salariés, se trouvent au 209 bis route de Clisson, où les personnes logeaient auparavant.

Pour le situer par rapport aux autres dispositifs, le CADA est originellement le service classique d’accueil des demandeurs d’asile. Toutefois, en raison d’un manque de places, de nouveaux dispositifs ont été créés pour y pallier : HUDA (Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile), CAO (Centre d’accueil et d’orientation) etc. »

Quel est le profil des personnes qui arrivent au CADA ?

« Le profil des demandeurs d’asile que nous accueillons est très varié. Il peut s’agir de familles, comme de personnes isolées ou de personnes seules avec des enfants. Ces personnes sont originaires de zones géographiques très différentes mais viennent principalement de pays connaissant des conflits armés ou des atteintes aux droits de l’homme.

L’origine socio-professionnelle est elle aussi diversifiée puisque certains demandeurs d’asile n’ont eu accès à aucune scolarité, tandis que d’autres exerçaient des métiers qualifiés dans leur pays.

Le point commun des demandeurs d’asile est qu’ils ont fui leur pays et demandent la protection de la France. »

Comment les personnes sont-elles orientées vers le CADA ?

« Lorsqu’ils enregistrent leur demande d’asile auprès de la préfecture, les demandeurs d’asile rencontrent également les services de l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) qui les orientent vers les différents CADA, selon les places disponibles.

Le CADA est un dispositif national, il s’agit d’un plan de logement réalisé sur l’ensemble de la France. Le CADA Les Alizés est un service de l’association Saint-Benoit-Labre mais il est tenu au respect d’obligations imposées par le cahier des charges de l’Etat (descriptif des missions d’accompagnement social et juridique, durée de la prise en charge etc). »

Combien de temps restent en moyenne les personnes dans le service ? Que deviennent-elles lorsqu’elles les quittent ?

« Les personnes accueillies restent au CADA pendant toute la durée de la procédure, le temps que l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et les cas échéant la CNDA (Cours nationale du Droit d’asile) étudient la demande d’asile. En moyenne, elles restent plus d’un an.

Si elles obtiennent une réponse positive, les personnes doivent quitter le CADA. Vient alors une période de 3 à 6 mois durant laquelle nous assurons leur insertion, vers une solution de logement adapté. Il peut s’agir d’un logement social indépendant si la personne concernée maîtrise la langue française et dispose d’une certaine autonomie. Pour les personnes pour qui l’intégration est plus compliquée, le CNHR (Centre nantais d’hébergement pour les réfugiés) peut prendre la suite. C’est une sorte de CADA pour les personnes ayant obtenu le titre de réfugiés. Il existe aussi des dispositifs intermédiaires comme un logement indépendant avec accompagnement social.

Si les demandeurs d’asile obtiennent une réponse négative, il faut également qu’ils sortent du dispositif CADA. Les solutions de sortie sont alors beaucoup plus limitées. Ces personnes font généralement des tentatives de nouvelles procédures de régularisation afin d’obtenir un titre autre que la demande d’asile qui leur permette de séjourner légalement en France.

Thierry, en entretien avec des demandeurs d’asile.

Comment a été vécu le confinement dans votre service ? Avez-vous retrouvé un fonctionnement normal aujourd’hui ?

« Nous avons connu une adaptation nécessaire qui s’est plutôt bien passée, en partie liée au télétravail et à la mise en place d’outils de communication. Nous avons beaucoup utilisé le téléphone pour communiquer entre nous et joindre les personnes accueillies. Nous avons aussi travaillé en équipe avec d’autres outils tels que le serveur de l’association et des applications d’appels vidéo.

Nous nous sommes rendus de temps en temps au bureau afin de préparer des colis alimentaires pour les demandeurs d’asile et effectuer différentes démarches administratives. Sinon, nous donnions rendez-vous aux personnes accueillies à l’extérieur de leur hébergement pour leur donner des masques et les colis alimentaires, distribuer leur courrier et des documents administratifs, mais aussi prendre de leurs nouvelles de vive voix, en complément des appels téléphoniques, et dans le respect des consignes sanitaires.

L’objectif pendant cette période de confinement était surtout de s’assurer que chacun se porte le mieux possible. Les difficultés psychologiques et médicales des personnes accueillies ont effectivement été exacerbées durant le confinement. Beaucoup d’entre elles ont eu des besoins particuliers à la suite du déconfinement, notamment d’ordre psychologique.

Aujourd’hui, nous avons retrouvé un fonctionnement normal, avec quelques aménagements. La salle commune située dans les locaux où travaille notre équipe et où les personnes pouvaient prendre un café et les enfants jouer en attendant leur rendez-vous, est toujours condamnée. Les personnes accèdent donc directement au bureau du travailleur social qui les accompagne. Les bureaux sont équipés de plexiglas et des masques ainsi que du gel hydroalcoolique sont à la disposition de chacun. Les déplacements sur les lieux d’hébergement sont un peu plus fréquents, afin de limiter les entretiens au bureau. »

A quoi ressemble une journée type dans votre service ?

« Au niveau des bureaux, les salariés se retrouvent le matin pour échanger des infos. Chacun a ses différents rendez-vous de programmés, avec les personnes dont il est référent, pour travailler sur la procédure d’asile ou d’autres aspects de l’accompagnement social. L’accompagnement administratif et juridique constitue une mission très importante du CADA. La partie sociale, le suivi des rendez-vous médicaux, la scolarisation des enfants ainsi que les activités sportives, culturelles et de loisirs sont aussi des composantes de l’accompagnement que nous réalisons. Nous n’avons toujours pas, à ce jour, d’accueil permanent ouvert. Toute rencontre doit donc avoir lieu sur rendez-vous.

Une autre partie importante dans l’action du travailleur social est la préparation des personnes à leurs entretiens en vue de leur demande d’asile. Il faut les aider à expliquer leur histoire clairement et dans les détails, à apporter des preuves de ce qu’elles disent, à effectuer des recherches documentaires et géopolitiques.

Il y a également parfois besoin d’un accompagnement psychologique. Les demandeurs d’asile ont souvent connu des parcours difficiles avant leur arrivée en France. Nous sommes donc attentifs aux fragilités de ceux que nous accompagnons et les orientons vers des professionnels du secteur médical si besoin.

La procédure étant assez longue, nous mettons en place des activités socio-culturelles pour faire découvrir aux personnes les activités locales. Par exemple, nous organisons des ateliers cuisine qui permettent aux personnes de se rencontrer, de partager des moments de convivialité ensemble.

Nous orientons aussi les personnes non francophones vers des associations qui vont leur apprendre le français. Enfin, des réunions d’information collective sont organisées sur différents thèmes comme la scolarité, le travail, l’insertion, la prévention, la procédure d’asile etc, avec l’aide d’interprètes. Début septembre notamment, nous organisons une rencontre dans un centre socio-culturel afin de faire les présentations avec les nouveaux arrivants et échanger sur le programme de l’année proposé par le CADA. Nous invitons à cette occasion différents intervenants partenaires.

Pour conclure, notre action vise à réaliser un accompagnement social global et personnalisé des demandeurs d’asile. Nous sommes très attentifs à prendre en compte les besoins de chaque personne, aussi bien d’ordre pratique que pour leur bonne santé physique et psychologique. »

Découverte de l’atelier maraichage

21 juillet 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association, s’est rendue dans les serres de l’association pour y retrouver Marc, encadrant de l’activité maraîchage à laquelle participe une équipe de personnes en réinsertion. Il nous a expliqué en quoi le maraîchage bénéficie aux personnes en difficulté, en nous parlant notamment du projet de permaculture, commencé en février 2020.

Marc valide cette année un diplôme d’éducateur technique spécialisé. Cette formation vise à transmettre aux personnes accompagnées un savoir-faire professionnel pour favoriser leur épanouissement personnel et leur insertion sociale.

En se baladant dans les différentes serres, Marc m’explique que le maraîchage est une activité parfaite pour atteindre ces objectifs de réinsertion, pour la créativité et la liberté qu’il offre. Le rapport à la nature et la visualisation d’évolutions concrètes dans le temps ont une fonction importante dans la reconstruction des personnes qui ont eu des parcours de vie difficiles, qui, par exemple, ont connu la vie en établissement pénitentiaire.

Nous nous arrêtons dans la serre « permaculture », dont le projet tient particulièrement à cœur à Marc. Il veut montrer qu’à partir de rien, avec peu de choses, on peut créer. Cela fait écho aux vies des personnes qu’il accompagne. Marc veut leur montrer qu’elles peuvent se reconstruire malgré les épreuves qu’elles ont traversées.

Marc m’explique qu’en permaculture, on peut planter des répulsifs naturels, comme des plantes aromatiques, entre les cultures. Il n’y a pas de travail du sol mais on ajoute de la paille, du fumier ou encore de la tonte de pelouse, des éléments qui vont se décomposer et nourrir le sol. L’objectif est de créer des éco-systèmes dont l’environnement est propice au développement de chaque culture.

Nous quittons l’espace permaculture pour regagner les autres serres. En se baladant entre les rangs de poivrons et d’aubergines, nous apercevons des petits sachets blancs au pied des plants. Je demande à Marc de quoi il s’agit : ce sont des petits insectes qui sortent au fur et à mesure du sachet pour rejoindre les plants et y manger les pucerons, nocifs aux cultures. Marc me précise toutefois que malgré ces différentes méthodes de travail et tous les efforts de l’équipe, le maraîchage est difficile cette année avec les nombreux écarts de température que l’on connaît.

Avant de quitter les serres, Marc me montre une ruche devant l’une d’elles. Les ruches permettent d’assurer la présence d’abeilles près des cultures, importantes pour la pollinisation.


Interview de Claire, bénévole

16 juillet 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association, a échangé avec Claire sur son expérience de bénévolat à Saint-Benoit-Labre.

Claire va avoir 25 ans et est diplômée d’un master en management qu’elle a terminé à Dauphine, en novembre dernier. A la suite de ses études, elle a souhaité prendre 10 mois de break pour voyager mais a dû rentrer à cause du Covid-19. Elle a trouvé un travail à Paris pour septembre prochain et souhaitait, d’ici là, se rendre utile en réalisant une mission de bénévolat et des baby-sitting.

Claire est ainsi bénévole depuis mi-mai au sein du service AT’HOME Hors Agglo, accueillant des mineurs non accompagnés (MNA) de 16-18 ans, sous tutelle du département et vivant en colocation à Saint-Nazaire et Châteaubriant.

Quelles missions de bénévolat réalisez-vous ? Depuis combien de temps ?

« Je donne des cours de français et de soutien scolaire pour les jeunes qui parlent mieux français : physique, maths, anglais et français. Soit ils viennent avec leurs devoirs, soit, comme en ce moment ce sont les vacances, je trouve des exercices à leur proposer selon les matières qu’ils souhaitent travailler.

Les cours ont lieu à Saint-Nazaire, dans les locaux de l’association. J’ai 3 ou 4 élèves par session en général, maximum 5. Ce sont souvent les mêmes, avec quelques nouveaux de temps en temps.

Je suis bénévole à At’home depuis mi-mai. J’ai fait plusieurs réunions avec les membres du service pour mettre en place le projet puis j’ai commencé les cours mi-juin. »

A quelle fréquence intervenez-vous sur le service ? Y a-t-il d’autres bénévoles ?

« Je donne des cours deux fois par semaine, sur des créneaux de 2h. Je suis la seule bénévole à réaliser cette mission sur At’home. »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ? Pourquoi avoir choisi cette mission ?

« Je voulais me rendre utile. J’ai une passion pour les jeunes, je suis d’ailleurs directrice de colo à côté. J’aime aussi beaucoup l’enseignement. Cette mission de bénévolat m’a donc attirée immédiatement, me permettant de joindre ces deux intérêts. Mon sentiment d’utilité est d’autant plus fort que j’interviens auprès de personnes défavorisées. »

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

« Cela me fait prendre du recul sur mon avenir professionnel, sur ce qui est utile ou pas dans le monde du travail.

Je vois aussi des jeunes hyper motivés, qui viennent d’eux-mêmes et demandent à travailler. Malgré leur parcours difficile, ils sont déterminés à faire des études, à réussir. C’est un autre regard que celui que peuvent parfois véhiculer les médias et l’opinion publique sur les jeunes migrants, beaucoup plus positif et optimiste. »

Envisagez-vous de poursuivre dans la voie du bénévolat par la suite ?

« Oui, j’aimerais être bénévole à Paris, lorsque j’aurai commencé mon nouveau travail, si mon emploi du temps me le permet ! »


On ouvre les portes de… ALMANA

7 juillet 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association, a échangé avec Bérangère, coordinatrice du service ALMANA, pour qu’elle nous présente le fonctionnement et la vie quotidienne de son service.

Pouvez-vous nous présenter le service ALMANA ?

« Le service ALMANA, créé en 2015, est le jumeau du service AEMINA, chargé de l’évaluation de la minorité et de l’isolement des jeunes migrants. En France, la reconnaissance du statut de mineur conditionne effectivement l’octroi de droits.

ALMANA prend en charge les besoins primaires de ces jeunes en attendant qu’ils reçoivent les résultats de leur évaluation et parfois même après, jusqu’à ce que le jeune ait un éducateur (6-8 mois).

Nous sommes chargés de pourvoir aux besoins primaires des jeunes : assurer l’entretien de premier accueil, leur donner un hébergement, une carte pour manger au FJT (Foyer des Jeunes Travailleurs), assurer un premier entretien médical, leur donner un kit vêture et un kit d’hygiène, une carte pour aller à la laverie, des titres de transport, des plans adéquats, et des informations de premières nécessités.

Concernant l’hébergement, c’est un vrai « Tetris » pour l’équipe de Mie hôtel, qui gère en transversal tous les hébergements du Pôle MNA (Mineurs Non Accompagnés). Nous devons mener un gros travail de réflexion sur les places vacantes, sur comment organiser les choses. Il arrive qu’il n’y ait plus de places du tout par moments, ce qui est très compliqué à gérer.

Généralement, le jeune nouvel arrivant va d’abord en gîte d’enfants (à l’extérieur de Nantes, fonctionnant comme des familles d’accueil) pendant quelques semaines ou quelques mois. Ensuite, il intègre un hôtel ou un foyer d’urgence, puis éventuellement une résidence ou un appartement AT’home »

Comment se compose l’équipe d’ALMANA ?

« Le service est dirigé par Julien, également chef du service AEMINA, et je coordonne le service ALMANA.

Celui-ci comprend une partie hébergement où travaillent 4 personnes à temps plein de manière transversale sur tous les services du pôle MNA, dont ALMANA.

Il existe également une partie logistique, chargée du premier entretien de premier accueil (expliquer les conditions d’hébergement, faire un point sur l’hygiène et les vêtements en fournissant des kits si besoin, expliquer le fonctionnement du FJT). L’équipe logistique se charge aussi de tous les achats nécessaires au bon fonctionnement du service, et cela représente des quantités non négligeables.

4 infirmiers sont également présents sur le service et réalisent un entretien de premier accueil médical puis différents dépistages (gale, tuberculose, COVID) et vaccins.

Enfin, une personne est en charge spécifiquement de l’ouverture des droits (pôle CMU). »

Qui sont les jeunes pris en charge par ALMANA ? Sont-ils nombreux ?

« Les jeunes arrivent seuls, par eux-mêmes, ou bien sont orientés par le commissariat de Waldeck Rousseau. Il s’agit de jeunes se présentant comme mineurs.

Beaucoup de jeunes arrivent par un autre biais, orientés par d’autres départements. On parle d’OPP (ordonnance de placement provisoire). Il s’agit d’une péréquation nationale : lorsque certains département ne peuvent accueillir davantage de jeunes et que d’autres disposent de places, ils y sont transférés. Ils sont censés avoir un éducateur dès l’arrivée mais en attendant, ils sont pris en charge sur le service ALMANA.

A l’ouverture du service, il y avait énormément d’arrivées via AEMINA. Aujourd’hui, leur nombre a été divisé par deux. En 2016, on comptait environ 10-11 arrivées AEMINA par jour, aujourd’hui on est plutôt à 3-4 arrivées AEMINA par semaine avec en plus, 3-4 arrivées OPP par semaine. »

Que deviennent les jeunes lorsqu’ils quittent le service AEMINA ?

« Ils sont orientés vers le service ASAMEH, lorsqu’ils obtiennent la tutelle du département et bénéficient de l’accompagnement d’un éducateur, ils peuvent rester en hôtel (service ASAMEH) ou passer en résidence (service SHAMIR) ou en appartement (service AT’HOME). Les jeunes en OPP partent sur le service PAMiPA (Premier Accueil pour Mineurs Protégés Accompagnés) (sur liste d’attente), et lorsqu’ils ont la tutelle, rejoignent le service ASAMEH ou SHAMIR. »

Comment a été vécu le confinement dans votre service ?

« Les jeunes ne sont pas présents physiquement sur ALMANA puisqu’ils sont hébergés en foyers, gîtes ou hôtels. C’était donc pour ces lieux d’accueil que c’était plus compliqué. Mais Emmanuelle et Yoann, de l’équipe logistique, ont dû gérer l’approvisionnement de masques, de nourriture etc. Les infirmiers d’ALMANA également ont été grandement mobilisés.

Nous avons eu quelques cas de coronavirus, début juin. Un site a alors été ouvert par la protection civile : les jeunes malades sont partis sur Saint-Aignan puis sont revenus sur Nantes lorsque les symptômes ont disparu, via une chambre de déconfinement, avant de regagner leur hébergement. »

Avez-vous pris conscience de certaines choses avec l’expérience de confinement ?

« Les délais importants imposés aux jeunes concernant leurs situations administratives sont apparus avec davantage de visibilité, dans une période où tout a été suspendu et donc décalé. Il est très difficile pour eux d’attendre encore. Psychologiquement, cela a pesé et continue de peser. »

A quoi ressemble une journée type dans votre service ?

« Ce matin, par exemple, des jeunes sont venus à l’infirmerie, pour des rappels de vaccination. D’autres sont venus nous voir pour chercher leurs tickets de bus mensuels pour juillet. Nous avons également accueillis de nouveaux jeunes, arrivés via AEMINA. Nous allons donc mettre en place les premiers entretiens et gérer les aspects logistique et médical.

Nous sommes un service d’urgence donc l’adaptation à toutes les situations nouvelles rythme nos journées. »


Interview de Will, bénévole

1er juillet 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association, a échangé avec Will Guthrie, Australien installé en France depuis plusieurs années et musicien de profession. Il est aussi bénévole à la Halle aux bagages, la bagagerie sociale de notre association et nous explique en quoi consiste son bénévolat.

Quelles missions de bénévolat réalisez-vous ? Avec quelle équipe ?

 « Je viens en tant que bénévole à la bagagerie, depuis 4 ans, donner un coup de main à Christophe, le salarié.

Nous sommes une dizaine de bénévoles en tout mais seulement un bénévole à la fois à la bagagerie. L’équipe tourne pas mal, il y a des personnes qui cherchent du travail et souhaitent utiliser leur temps libre utilement, il y a des retraités etc.

On aide les personnes à la rue ayant stocké des affaires à la bagagerie à venir chercher leurs bagages pour changer de vêtements, prendre des affaires etc. Avant le coronavirus, les gens pouvaient aussi rester pour prendre un café. »

A quelle fréquence venez-vous à la Halle aux bagages ?

« Je viens une ou deux fois par mois, pour 2h généralement. »

Comment se déroule une permanence à la Halle aux bagages ?

« Avant le confinement, les gens venaient quand ils voulaient sur les heures d’ouverture. Désormais, la Halle aux bagages est ouverte de manière réduite pour respecter les gestes barrières. Il faut que les personnes prennent rendez-vous pour s’assurer qu’il n’y aura pas trop de monde en même temps. La bagagerie a déménagé et nous continuons selon cette organisation sur le nouveau site pour le moment. Je n’y suis pas encore allé mais je vais faire ma première permanence là-bas cette semaine. »

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ? Pourquoi vous êtes-vous tournés vers ASBL ?

« J’estime cela normal d’être bénévole. Je fais partie des gens chanceux, avec un bon niveau de vie, et j’ai conscience qu’il y a beaucoup de personnes qui galèrent, qui ont besoin d’aide. En plus, je trouve insuffisante la manière dont le gouvernement traite les problématiques sociales. Donc c’est une manière pour moi d’apporter mon aide en étant dans le concret.

Je faisais d’autres types de bénévolat avant. Puis un ami m’a parlé de la bagagerie. J’ai rencontré Christophe, on s’est très bien entendus, j’ai donc commencé à faire des permanences avec lui. Et j’aime le contact direct avec l’usager. »

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

 « Pour moi, on a besoin de personnes pour aider les gens dans le besoin. Je trouve tout simplement cela normal d’apporter mon aide en tant que bénévole, c’est tout ! »


On ouvre les portes des… LAM et LHSS

19 juin 2020

Juliette, volontaire en service civique au siège de l’association a échangé avec Nadine, secrétaire médicale des services Lits d’Accueil Médicalisés (LAM), situé à Vertou, et Lits Halte Soins Santé (LHSS), situé à Nantes, Stéphanie et Audrey, aides-soignantes aux LAM et Sarah, infirmière aux LAM également, afin qu’elles nous parlent de la vie de ces services.

Pouvez-vous nous présenter les services LAM et LHSS ?

Nadine : « Les LAM accueillent actuellement 18 personnes sans domicile fixe ayant une maladie chronique nécessitant des soins 24h/24. Un binôme infirmier/médecin est donc toujours sur place, nuit et jour. Nous élaborons un projet d’avenir avec des perspectives de sortie pour les personnes accueillies sur les LAM mais leur séjour n’est pas limité dans le temps.

Quant aux LHSS, disposant de 15 places, ils sont destinés à l’accueil de personnes sans domicile fixe ayant besoin d’un accompagnement médicalisé mais pas de soins 24h/24 et pas sur le long terme ».

Que deviennent les personnes lorsqu’elles quittent les LAM/LHSS ? Combien de temps restent-elles en moyenne dans ces services ?

Nadine : « Les personnes peuvent quitter nos services pour : aller en logements autonomes, en CHRS, en EHPAD ; faire le transfert des LHSS vers LAM ; rentrer dans leur pays d’origine. Malheureusement, il y a aussi des personnes qui décèdent aux LAM/LHSS.

Les LAM ont été créés en 2018 donc il est difficile d’avoir du recul sur les chiffres de durée de séjour, cela dépend des pathologies des gens. Le service a connu 10 sorties en 2019, contre 3-4 l’année précédente. Aux LHSS, 8 sorties ont eu lieu en 2019, 30 l’année d’avant. »

Comment a été vécu le confinement dans votre service ? Comment vous êtes-vous adaptés ? Quelles ont été les difficultés ?

Stéphanie : « Les deux premières semaines ont été très compliquées. Nous étions très sollicités par les patients.

La plupart des résidents avant le confinement mangeaient au self. Pendant le confinement, nous devions, le soir, aller aux cuisines chercher les repas sous barquettes des patients pour les repas du midi et du soir du lendemain. Notre service n’est pas équipé pour délivrer des repas en chambre ; réchauffer toutes les barquettes, servir et desservir, étaient donc des activités qui nous demandaient beaucoup de temps. Aujourd’hui, seul le petit déjeuner est de nouveau pris à la salle polyvalente, nous attendons de futures directives pour le fonctionnement des autres repas.

Les rendez-vous médicaux étaient maintenus pour certains. L’aide-soignant du matin devait donc y amener les patients. Hors confinement, c’est un autre aide-soignant, présent en journée mais absent durant le confinement, qui s’occupait de cela. Il fallait aussi réaliser les courses des patients, même si nous avons les avons restreintes à deux et non plus trois fois par semaine, et uniquement pour les besoins primaires.

Les protocoles de soins ont été modifiés durant le confinement, ce qui nous a demandé un travail d’adaptation. Mais ces modifications ont, heureusement, très bien convenu aux patients.

Ce qui a également été difficile est que nous n’avons pas pu faire notre travail comme d’habitude. Le relationnel n’était plus prioritaire, nous étions surchargés par la nouvelle organisation à gérer.

Les patients ont aussi vécu difficilement le confinement en chambre, le respect des gestes barrières était compliqué. Nous avons donc passé beaucoup de temps à leur expliquer la situation et l’importance de respecter les règles mises en place.

Quelques ateliers cuisine ont été organisés le week-end, pendant le confinement et après. Cela s’est très bien passé, les patients, confinés en chambre, étaient heureux de pouvoir se retrouver pour ces moments de convivialité.

Nous reprenons les courses avec les patients mais en limitant le nombre de patients présents, avec port de masque obligatoire. »

Audrey : « Je trouve aussi que les deux premières semaines ont été les plus difficiles. Il a fallu passer beaucoup de temps auprès des patients, à leur expliquer la situation. Nous sommes passé à un service à la personne « +++ », une grande partie de notre temps ayant été consacrée à rassurer les patients dont les angoisses pouvaient être importantes. Ensuite, chacun a mieux compris la situation et s’est habitué au nouveau fonctionnement du service ».

Sarah : « Le confinement aura aussi eu des effets négatifs à plus long terme sur les patients. Les rendez-vous de kiné ayant été suspendus, certains ont beaucoup perdu en mobilité. Le fait de rester en chambre, pour des personnes aux pathologies lourdes, a forcément réduit leurs capacités. D’un point de vue psychologique, certains ont également eu du mal à retrouver, petit à petit, une vie en collectivité ».

Avez-vous pris conscience de certaines choses avec l’expérience de confinement ?

Nadine : « J’ai pris conscience de l’importance de l’aspect social. A distance, les contacts ne sont pas les mêmes, la perception des choses est différente. Je suis de retour deux fois par semaine sur site, cela me fait du bien. J’ai hâte, la semaine prochaine, de pouvoir à nouveau travailler en présentiel tous les jours. »

A quoi ressemble une journée type dans votre service ?

Stéphanie : « L’équipe du matin arrive à 6h30, c’est l’heure de la transmission avec l’équipe de nuit, pour chaque résident, des événements qui ont pu avoir lieu depuis la veille. Ensuite, viennent la préparation et l’installation du petit déjeuner. Nous commençons les toilettes vers 8h, elles durent parfois 30min, parfois plus d’1h selon les pathologies des patients. Des rendez-vous médicaux ont régulièrement lieu le matin, il faut parfois y amener les patients. Puis c’est le moment de la distribution du repas du midi. La relève arrive ensuite.

L’après-midi, durant le confinement, Floriane, la cheffe de service, devait faire l’inventaire, chaque jour, des masques, du gel hydroalcoolique disponibles, afin de vérifier que rien ne manquait. Il faut aussi s’assurer, la journée, des commandes en pharmacie des médicaments. Il n’y avait pas de rendez-vous médicaux l’après-midi pendant le confinement donc cela nous a laissé un peu de temps pour le relationnel.

En fin de journée, il faut accompagner certains patients à prendre leur douche. En coucher d’autres qui ne peuvent le faire seuls. Organiser le repas du soir. »

Le mot de la fin

Stéphanie : « On reçoit souvent des stagiaires et élèves infirmières qui nous disent qu’elles ressentent la solidarité vécue dans notre service. Je pense que le fait d’avoir ouvert les LAM tous ensemble, il y a quelques années et d’avoir conservé la même équipe, joue sur cet aspect. Tout le monde se donne à fond, nous sommes soudés les uns aux autres. Cela a beaucoup compté durant le confinement. »


On ouvre les portes des… chantiers d’insertion

9 juin 2020

Avec le déconfinement, nous poursuivons les interviews de nos salariés afin de vous faire découvrir le quotidien de notre association. Juliette, notre volontaire en service civique a échangé avec Philippe, encadrant de l’équipe Second-oeuvre/Peinture des chantiers d’insertion, ayant rejoint l’association en 2011.

Pouvez-vous nous présenter votre service ?

« Les chantiers d’insertion permettent à 32 personnes éloignées de l’emploi de participer, pour une période de 6 mois à 2 ans, à des chantiers spécialisés leur permettant d’acquérir des compétences professionnelles propices à leur insertion sociale.

Les personnes participant aux chantiers d’insertion travaillent 26h par semaine. Elles bénéficient d’un contrat de 6 mois, renouvelable 3 fois. Une évaluation est réalisée à chaque fin de période et un projet est mis en place en amont pour chacun. A l’inverse des personnes travaillant sur les ateliers d’adaptation à la vie active (AAVA), celles travaillant sur les chantiers d’insertion ne sont pas logées par l’association.

Le personnel des chantiers d’insertion comprend 4 encadrants, travaillant sous la responsabilité de Frank, chef de service. Un encadrant gère une équipe espaces verts, deux encadrants ont chacun leur équipe nettoyage et j’encadre l’équipe second-oeuvre, peinture. Chaque équipe est composée de 8-9 personnes. Une salariée s’occupe également du suivi socio-professionnel des participants aux chantiers (contact Pôle Emploi, stages en entreprises etc).

Les chantiers ont lieu aussi bien sur les sites de l’association qu’à l’extérieur, pour le compte de différents clients. Le service doit, comme une entreprise, sortir un chiffre d’affaires pour pouvoir fonctionner correctement en tenant compte des difficultés de chaque salarié. »

Quel est le profil des personnes encadrées ?

« La nationalité et l’âge varient beaucoup. Une partie des personnes encadrées est étrangère et bénéficie de titre de séjour, quelque fois de l’asile politique. Elles ont entre 26 et 60 ans, pour les équipes actuelles. Ce sont dans tous les cas des personnes qui ont eu des parcours de vie difficiles. Notre travail est de leur permettre de remettre le pied à l’étrier, notamment à travers l’esprit d’équipe qui est primordial. »

Comment se passe la sortie du dispositif ?

« Pendant 2 ans, si les contrats sont renouvelés, nous tentons de faire en sorte que les personnes encadrées aient toutes les cartes en main pour s’orienter vers une formation qualifiante ou un emploi. A ce titre, nous avons des budgets de formation et mettons en place des ateliers « pré-qualifiants ». Un grand nombre des personnes que j’ai suivies reviennent me voir après avoir quitté le service pour me donner de leurs nouvelles, cela fait plaisir ! »

Comment a été vécu le confinement dans votre service ?

« Les chantiers en cours ont été perturbés, les personnes encadrées sont restées chez elles mais nous avons maintenu un contact téléphonique permanent avec elles. Nous avons aussi organisé des distributions d’attestations pour elles. De mon côté, j’ai beaucoup travaillé car il y avait de l’entretien à faire un peu partout sur les sites de l’association.

Depuis deux semaines, nos équipes sont revenues, motivées à reprendre le travail. Nous devons respecter des règles sanitaires strictes : lavage des mains, distanciation et port du masque, ce qui complique l’organisation mais on s’adapte. »

A quoi ressemble une semaine type dans votre service ?

« La journée commence à 8h le matin et se termine le soir à 17h. Nous avons un camion de 9 places mais nous sommes moins nombreux dans le véhicule sinon il n’est pas possible , en cette période, de respecter les distances en amenant tout le monde sur les chantiers. Nous avons réaménagé les horaires pour cela. Par moments, mon équipe peut travailler en autonomie. Par exemple, la semaine prochaine, je serai en chantier dans un foyer de l’association avec 3-4 personnes pendant que le reste de l’équipe sera à l’Association, à Vertou, pour un autre chantier.

Avant, j’avais mon jeudi après-midi, sans encadrement à réaliser, pour gérer les devis, les négociations, les rendez-vous clients etc. Avec la réorganisation des horaires ça n’est plus le cas mais nous allons nous adapter. Le vendredi matin, nous n’avons pas non plus d’encadrement et en profitons pour faire une réunion de concertation avec Frank sur les pointages, la semaine etc ».


Mini-témoignages MNA

2 juin 2020

Durant le confinement, plusieurs jeunes aidés par nos services se sont investis pour apporter leur aide aux collectifs. Voici le retour d’expérience de quelques jeunes ayant réalisé des distributions de paniers dans l’une de nos résidences de Mineurs Non Accompagnés (MNA).

Que vous a apporté la distribution des paniers alimentaires de la résidence Sainte-Luce ?

Ibrahima D : « C’était la première fois que je faisais ça. C’était une bonne expérience, je me suis bien amusé, cela m’a beaucoup plu. Je suis également content d’avoir eu des responsabilités et d’avoir aidé la résidence ».

Ibrahima N. : « Ça s’est bien passé, la logistique c’est mon domaine, j’étudie et travaille là-dedans. L’ambiance du groupe, des collègues et de l’équipe : ça rigole, ça bouge, ça parle. Je suis content d’avoir été utile pour les jeunes ».

MBemba : « Ce n’était pas compliqué de faire de la distribution de paniers, j’ai fait des stages en logistique alors je connaissais déjà. Je suis satisfait du résultat, ça m’a donné de l’expérience et permis d’être responsable pour la vingtaine de jeunes et j’étais fier d’être référent de la vie collective, d’être dans l’équipe, d’avoir fait des réunions avec les responsables et les ASE ».

Le groupe : Nous sommes fiers d’avoir aidé les agents Héméria pour distribuer les brioches du petit déjeuner, nous remercions l’équipe de nous avoir fait confiance en nous confiant des missions pour participer à la vie collective.


On ouvre les portes de… AT’HOME Hors Agglo

22 mai 2020

Le service AT’HOME Hors Agglo soutient des jeunes mineurs non accompagnés (MNA), âgés de 16 à 18 ans, sous tutelle du Conseil Départemental de Loire-Atlantique.

Les jeunes, d’origine étrangère, sont hébergés dans des appartements autonomes, en co-habitation sur deux territoires : Châteaubriant et Saint Nazaire. Ils sont accompagnés par notre association sur des plans variés tels que la scolarisation, la santé, l’insertion sociale et professionnelle, les démarches administratives, et de régularisation.70 jeunes, filles et garçons, sont accompagnés par 8 référents sociaux (dont 29 jeunes à Saint-Nazaire, avec 3 référents sociaux).

Juliette, volontaire en service civique à l’association a échangé avec Delphine et Julie, deux travailleuses sociales du service AT’HOME Hors Agglo basé à Saint-Nazaire. 

Quels ont été les premiers problèmes à se poser au début du confinement ?

Delphine : « Il a fallu faire beaucoup de prévention, faire comprendre aux jeunes qu’ils ne pouvaient pas continuer à aller dans les chambres des uns des autres comme avant, même si c’était difficilement contrôlable… Ce sont des messages plus difficiles à faire passer à distance. Les échanges par téléphone n’ont pas le même poids qu’une discussion en face à face. Mais globalement, ils ont bien compris les consignes données et il n’y a pas eu de problème. »

Julie : « Dans le cadre de la continuité pédagogique, l’utilisation des outils informatiques a été compliquée. C’est toute la fracture numérique qui s’est révélée. Suivre des cours à distance et envoyer des devoirs selon des échéances précises a posé problème pour de nombreux jeunes. D’autant plus que certains d’entre eux venaient d’arriver en France et n’avaient été scolarisés que quelques mois. Cette période a aussi été difficile pour moi. Après un mois intense, j’ai connu une phase de démotivation. L’absence de réels liens avec les jeunes a été compliquée à vivre et je me sentais également prise par mon quotidien ».

Comment le service s’est-il adapté ? Quelles modifications a-t-il opéré ?

Delphine : « Il a été décidé que nous nous rendions une fois par semaine chez les jeunes et que nous passions des appels téléphoniques réguliers à ceux-ci, en respectant le rythme de chacun. C’était surtout de la « réassurance », il s’agissait de sonder le moral de chacun, prendre soin des jeunes et les orienter, au besoin, vers notre psychologue, qui intervient habituellement toutes les deux semaines.

Celle-ci a créé un groupe de paroles, dans une résidence et au bureau, pour pouvoir échanger librement avec ceux qui le souhaitaient sur les ressentis parfois difficiles du confinement. Ce fut une grande réussite, qui a permis de renforcer à la fois l’entraide entre les jeunes et le soutien psychologique.

Notre cheffe nous a fait parvenir un smartphone pour que nous puissions échanger plus facilement avec les jeunes. Nous avons ainsi créé un groupe WhatsApp avec eux. Nous nous en sommes servis, salariés et jeunes, pour partager nos activités et des petits tutos improvisés (sport, cuisine etc).

Le suivi administratif a été stoppé concernant la préfecture (mais elle a prolongé les titres de séjour qui devaient l’être), les consulats et ambassades ainsi que le courrier au pays. Il a été maintenu à distance avec les avocats et le département. Nous avons pu profiter du temps qui nous était ainsi dégagé pour se focaliser sur l’orientation éducative et professionnelle des jeunes. »

Julie : « Nous avons aussi mis en place une organisation spécifique pour assurer la continuité pédagogique. Un grand tableau a été réalisé pour répertorier la situation de chaque jeune, les outils informatiques à sa disposition, les plateformes utilisées par les écoles etc. Sofiane a été chargée de compiler les cours de chaque élève, de les classer et de les imprimer chaque semaine au bureau où les jeunes pouvaient venir les chercher selon des créneaux spécifiques. Certains lycées ont mis à disposition des jeunes que nous accompagnons des ordinateurs portables, ce qui a facilité la continuité pédagogique.

Pendant nos passages hebdomadaires nous avons distribué des cartes bancaires, cartes 4G, cours, jeux, mandalas etc. Les jeunes se sentaient isolés, c’était compliqué de ne pas rester près d’eux. »

Est-ce que le quotidien des usagers a été profondément changé ?

Delphine : « La plupart de jeunes aiment sortir, jouer au foot, voir des amis. Le confinement était donc contraignant mais ils en ont compris le sens.Je dirais qu’il y a eu deux profils de jeunes : ceux avec des ressources, qui ont structuré leurs journées, fait du sport, leurs devoirs etc, et ceux qui étaient angoissés concernant le virus, qui se sont enfermés. Au début, certains qui ne parlaient pas français ont pu mal comprendre la situation (ex : virus qui passe par la fenêtre). Heureusement, nos passages une fois par semaine chez les jeunes nous ont permis de prendre le temps de les rassurer ».

Les jeunes du service Athome Hors Agglo

Avez-vous pris conscience de certaines choses sur la vie du service ? Le confinement a-t-il eu des effets positifs ?

Delphine : « Je crois que l’importance du travail d’équipe s’est révélée. Avec le télétravail, on se rend compte des risques liés à l’isolement et des aspects négatifs à ne pas échanger avec ses collègues. J’ai aussi pris conscience de ce qui importait vraiment dans notre travail, c’est-à-dire notre lien avec les jeunes. J’espère que nous parviendrons à nous investir davantage là-dessus et que la pression professionnelle, le rythme de travail, ne reprendront pas le dessus.

Le confinement a aussi pu avoir des effets positifs chez les jeunes dont certains ont souhaité s’engager auprès d’une épicerie solidaire en tant que bénévoles. Ils ont également pris conscience de l’importance du collectif et nous ont demandé davantage d’activités communes et de temps d’échanges en groupes. Enfin, ils ont eu le temps de réfléchir à leur orientation et ont pu mieux définir leurs projets futurs. »

Julie : « Le télétravail a montré son intérêt : être plus efficace qu’au bureau où les dérangements sont plus fréquents. De plus, pendant le confinement, quand nous nous déplacions, même si c’était rare, ces moments étaient plus intenses car nous étions entièrement disponibles pour eux. Chaque tâche avait donc son temps propre qui lui était dédié, ce qui permettait d’être plus efficient. Le suivi administratif étant en pause, nous avons pu davantage nous focaliser sur le quotidien des jeunes, ce qui m’a paru important. »

Est-ce que les choses vont changer avec le déconfinement ?

Julie : « Chaque éduc/maîtresse de maison travaille désormais deux demi-journées par semaine. Nous avons mis en place un tableau de suivi des rendez-vous pour faire en sorte que les jeunes n’aient pas à se croiser. Le port du masque par le jeune et l’éduc lors des rendez-vous est obligatoire, du gel et des masques sont mis à disposition au bureau. Les bureaux sont également désinfectés après le passage de chaque jeune.

Il s’agit donc d’une organisation contraignante, très stricte pour préserver la sécurité sanitaire, tout comme durant le confinement. D’ailleurs, j’ai pour ma part pu regretter que nous n’ayons pas davantage vu les jeunes, avec des distances. Ce sont des mineurs isolés pour qui l’absence de présence éducative peut avoir des conséquences importantes.Sinon, le suivi administratif reprend aussi petit à petit, notamment le courrier au pays et les démarches juridiques.

Les jeunes vont reprendre les cours le 2 juin et sont plutôt enthousiastes à cette idée ! »


Interview d’André, bénévole

14 mai 2020

André est chef de cuisine et son restaurant ayant fermé durant le confinement, il a décidé de s’engager auprès de l’association Saint Benoit Labre. Juliette lui posé quelques questions sur son expérience en tant que bénévole dans notre association.

Quelles missions de bénévolat réalisez-vous à Saint Benoit Labre ?

« Au départ, je suis intervenu sur le site de la Tannerie au CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale). Je venais en aide aux équipes du CHRS pour déposer les plateaux repas en chambre, puisque les repas n’étaient plus pris dans la salle commune. Désormais, j’apporte également mon aide aux services MENS (Migrants Européens Non Sédentarisés). J’y fais de la distribution de colis alimentaires, de chèques services et de kits d’hygiène. Au début, en avril, j’étais le seul bénévole à soutenir les services MENS. Aujourd’hui, nous sommes 6-7 bénévoles et 4 salariés. »

Confection des colis à destination des publics les plus fragiles durant le confinement

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager ? Pourquoi vous êtes-vous tourné vers ASBL ?

« Mon restaurant a fermé, j’étais donc inactif et j’ai voulu profiter de ce temps libre pour me rendre utile plutôt que rester à ne rien faire chez moi. Je suis allé sur le site de France Bénévolat où j’ai trouvé les demandes de soutien de Saint Benoit Labre. C’est un peu par hasard que je me suis tourné vers cette association, dont les sites d’intervention se trouvent juste à côté de chez moi. »

Qu’est-ce que cette expérience vous apporte ?

« Je suis fier de mon engagement dans une période où nous devons tous être solidaires. Je me sens utile à la société. J’ai été très bien accueilli dès le début par les équipes de Saint Benoit Labre donc tout se passe très bien ! »

Vous étiez-vous déjà engagé auparavant bénévolement ? Pensez-vous continuer cette expérience avec le déconfinement ?

« Non, c’est ma première expérience de bénévolat. J’espère pouvoir poursuivre mon engagement auprès de Saint Benoit Labre lorsque j’aurai repris le travail, si la combinaison des deux rythmes est possible.


On ouvre les portes de… ATLAS

7 mai 2020

Le service ATLAS accueille 108 personnes (hommes, femmes, couples) en logements CHRS (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale) diffus, en studio ou en colocation, sur Nantes et son agglomération. Ces personnes sont en situation de précarité et sont orientées par le SIAO (Service intégré de l’accueil et de l’orientation) ou les collectifs du CHRS AMETIS.

Aujourd’hui, deux salariés sont en arrêt dans le cadre du contexte sanitaire, portant à une vingtaine de résidents le nombre de personnes accompagnées par travailleur social.

Juliette, volontaire en service civique a contacté Laurence B., l’une des sept travailleurs sociaux du service, pour qu’elle nous explique comment se vit le confinement à ATLAS.

Quelles difficultés rencontrez-vous, ainsi que les résidents, avec le confinement ?

« Les résidents et les travailleurs sociaux restent les mêmes, ce sont les modalités relationnelles et de communication qui ont été bouleversées. D’emblée, l’accompagnement à distance fut plus facile à mettre en place avec les personnes pour qui l’affiliation et la confiance étaient en place avant le confinement.

La fracture numérique s’est révélée au grand jour. Les résidents ont notamment rencontré de grandes difficultés avec les attestations de déplacement car ils ne disposent pas d’ordinateur, encore moins d’imprimante. De manière générale, les résidents ne sont pas à l’aise avec les outils numériques. Je pense par exemple à un résident qui n’a pas de téléphone, à d’autres qui n’ont plus d’unités mobiles. Nous sommes donc plus en alerte avec ces personnes isolées. Du côté des salariés, nos portables professionnels sont peu adaptés aux SMS et ne peuvent envoyer de photos ou de mails. Cela complique un peu le maintien de contacts avec les résidents pendant le confinement.

Les visites à domicile font également défaut, on ne peut donc pas observer l’hygiène de la personne ni de son logement. Or, ce sont des indicateurs de l’état psychologique de la personne. C’est donc un outil d’accompagnement en moins, tout comme le langage corporel. Cependant, cette communication à distance semble convenir à certaines personnes qui se sentent moins dérangées par le regard de l’autre. »

Comment le service s’est-il adapté ?

« Nous avons conservé nos horaires habituels de travail pour que les résidents nous repèrent facilement. Nous avons également mis en place un cadre d’accompagnement provisoire commun, défini en équipe, permettant de maintenir une certaine unité dans la manière de travailler.Nous avons mis en place des contacts téléphoniques réguliers, deux par semaine mais modulables selon le rythme et les besoins individuels. Entre collègues, nous avons aussi mis en place un groupe WhatsApp pour échanger plus facilement.Notre chef de service et une autre collègue se sont déplacés pour les situations les plus problématiques. Des collègues de la logistique également. Sans cela, il aurait été très difficile pour certains résidents de surmonter les problèmes d’ordre matériel ou moral qu’ils ont pu rencontrer.Notre rôle pendant le confinement est essentiellement de sécuriser et rassurer les personnes par une présence téléphonique. Nous sommes en veille et faisons particulièrement attention aux résidents pour qui nous sommes le seul lien. En ce moment, notre travail d’accompagnement est un appui social, une orientation vers les médecins, les bons interlocuteurs, les partenaires disponibles. Nous sommes également là pour sensibiliser les personnes à la prévention du risque sanitaire et à la prise en compte de leur état de santé face au Covid-19.Enfin, notre système d’aides ponctuelles de 30 euros s’est un peu assoupli. Il s’agit d’une aide de 15 euros en chèque services et 15 euros en numéraire liquide, pour les personnes sans ressources. Pendant le confinement, il permet de dépanner ceux dont le budget déjà déséquilibré l’est a fortiori pendant cette crise. »

Comment les résidents vivent-ils le confinement ?

« Certains d’entre eux, vivant déjà isolés, étaient en quelque sorte déjà conditionnés pour supporter le confinement. Mais d’autres résidents ont exprimé une souffrance psychologique, accrue au cours des semaines, pouvant déclencher des épisodes délicats. Nous réorientons au mieux ces personnes vers les services spécialisés et partenaires quand ces derniers sont ouverts.Comme pour nous tous, les résidents ont passé des caps. Celui de la troisième/quatrième semaine a été difficile mais l’annonce d’une date de déconfinement, le 11 mai, a donné une lisibilité, un horizon et reboosté le moral des résidents.Certaines personnes ont montré de belles ressources et des capacités d’adaptation qui pourront être ré-exploitées par la suite ! »

Tirez-vous des conclusions positives de cette période spéciale ?

« Nous partageons actuellement une expérience inédite commune où tout le monde est plus ou moins au même niveau. Nous expérimentons des nouvelles obligations communes (confinement, masques, distances barrières, attestations de déplacement). Nous nous référons aux mêmes réglementations et plans d’actions, sur lesquels nous échangeons. Les relations en sont devenues plus horizontales, les échanges se sont ouverts. Dans cette épreuve commune, les résidents sont, de fait, moins stigmatisés. Le temps du bilan, un jour viendra, et sera le moment de questionner nos priorités et d’enrichir nos pratiques. Pour l’instant, l’essentiel c’est la bienveillance réciproque entre les résidents et nous. Et surtout l’envie de se revoir ! »


On ouvre les portes de… la Maison Relais

2 mai 2020

La Maison Relais est un service du pôle Hébergement/Logement de l’association. Il est composé de deux salariés et d’une coordinatrice, travaillant sous la responsabilité du chef de pôle. La Maison Relais permet de loger des personnes de plus de 45 ans en situation d’isolement ou d’exclusion qui ne peuvent plus, pour différentes raisons, se maintenir ou accéder à un logement ordinaire. Deux volontaires en service civique interviennent également dans ce service en proposant des activités régulières aux locataires.Les locataires de la Maison Relais vivent en logements individuels, sur des sites regroupant plusieurs logements. Ils bénéficient d’un accompagnement par les salariés du service et entretiennent une vie collective grâce aux lieux de vie communs et aux activités organisées. Nous avons contacté Bruno, salarié à la Maison Relais, pour lui poser quelques questions sur la vie de ce service au temps du confinement.

Quels ont été les premiers problèmes à se poser au début du confinement?

« Les premières choses à gérer ont été d’avertir les locataires de la situation actuelle, leur expliquer ce que cela impliquait et assurer la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. En une journée, il a fallu détailler les règles sanitaires à chacun, expliquer en quoi le télétravail consisterait concrètement, faire des courses de première nécessité, vérifier que chacun ne manquait de rien et faire le point avec les différents partenaires pour anticiper les services qui allaient s’arrêter du fait du confinement, comme les services d’aide à domicile par exemple. »

Comment le service s’est-il adapté ? Quelles modifications a-t-il opéré ?

« Le télétravail a été mis en place et il a été décidé que chacun des deux moniteurs éducateurs, Maelig et moi, passerait une fois par semaine sur site. Thierry, le chef de pôle, rend également régulièrement visite aux locataires. Les locataires continuent aussi d’être suivis par les infirmières de l’association qui passent une fois par semaine chez les locataires. En plus de ces visites, les salariés de la Maison Relais passent un appel téléphonique quotidien à chaque locataire. Cela leur permet d’avoir une présence et rythme leurs journées.Les animations collectives comme l’atelier cuisine ont été suspendues. Il n’y a donc plus de travail sur le vivre ensemble. Adèle et Tiffanie, nos deux volontaires en service civique, poursuivent toutefois une partie de leurs missions en préparant le prochain voyage des locataires, en septembre.Durant les trois premières semaines, nous avons beaucoup communiqué avec les partenaires, notamment avec les mandataires judiciaires et les services d’aide à domicile. C’était un peu la panique chez beaucoup d’entre eux. Pour la Maison Relais ça allait, on savait que le but était de prendre soin des locataires. »

Le potager de la Maison Relais

Comment les locataires ont-ils vécu cette perturbation profonde de leur mode de vie ?

« Nous n’avons pas rencontré de réelles difficultés avec les locataires. Je dirais que 90% d’entres eux sont autonomes et responsables. Ils ont bien compris ce qu’on ne pouvait plus leur apporter. Les autres sont malheureusement dans l’incapacité de véritablement comprendre la situation. C’est donc plus difficile pour ces personnes mais nous sommes présents auprès d’elles. »

Avez-vous pris conscience de certaines choses sur la vie du service ?

 » Tout ce qui fait vivre le quotidien des locataires s’est arrêté. C’est donc une période difficile à vivre pour les locataires, comme pour tout le monde. Cela a notamment eu pour effet de révéler l’état physique et psychologique des locataires.Cette situation exceptionnelle a également permis de mettre en valeur les liens entre les locataires. Une solidarité s’est mise en place entre eux dès le début. »


On ouvre les portes du… service RSA

30 avril 2020

Juliette, volontaire en service civique a poursuivi sa mission durant toute la période de confinement essentiellement en télétravail et a effectué des interviews de membres de notre association (salariés, bénévoles …). Voici donc sa première interview qui permet de bien comprendre le fonctionnement du service « accompagnement RSA ».

Le service RSA est composé d’une unique salariée, Marie-Christine, chargée d’accompagner 80 bénéficiaires du RSA éloignés de l’emploi, habitant Saint-Sébastien-sur-Loire. Ce service fait partie du pôle Insertion de l’association.

Nous avons contacté Marie-Christine pour lui poser quelques questions sur la vie de son service au temps du confinement.

Comment le service s’est-il adapté concrètement pour poursuivre son accompagnement des bénéficiaires du RSA ?

« Une réunion téléphonique a lieu tous les 15 jours avec le responsable du Pôle Insertion, sur le même rythme qu’avant.De rendez-vous ponctuels avec les personnes que j’accompagne, environ une fois par mois, je suis passée à des rendez-vous téléphoniques réguliers, environ une fois par semaine. J’ai donc encore plus de contact que d’habitude avec les bénéficiaires. Les rendez-vous sont plus courts mais plus réguliers. Ce qui me pousse à décupler ma patience et ma concentration !Concernant mes missions, la dimension d’accompagnement psychologique s’est accrue. Je me suis d’ailleurs sentie un peu démunie au début, puis lorsqu’un numéro vert a été mis en place pour les personnes isolées, j’ai pu orienter ceux dont le moral m’inquiétait vers ce numéro. Globalement, je passe beaucoup de temps à rassurer les personnes que j’accompagne. »

Quelles sont les problématiques qu’ont connues les usagers du service ?

« Pour beaucoup, ils ont évoqué des difficultés financières liées à une alimentation différente. En effet, certains grands supermarchés où les produits sont moins chers ont pu fermer ou être beaucoup plus difficiles d’accès en raison du confinement et des transports restreints. Ces personnes doivent donc faire leurs achats dans des boutiques d’alimentation de proximité, ce qui se traduit par une forte augmentation de leurs dépenses.J’ai également noté un isolement particulièrement fort et difficile à vivre d’une partie des personnes que j’accompagne. Celles qui n’ont pas de famille proche de chez elles n’ont plus d’interactions sociales, ne pouvant sortir de leur logement. Ce public déjà marginalisé l’est donc encore plus en cette période particulière. J’oriente ces personnes vers le numéro vert dont j’ai parlé ou vers le médecin du département.Enfin, j’ai été frappée par l’importance de la fracture numérique. Avec le confinement, les personnes qui avaient l’habitude de se rendre dans des lieux publics disposant d’un accès à Internet et d’une personne pour les aider, se retrouvent aujourd’hui démunies, seules face à des outils qu’elles ne maîtrisent pas. J’ai donc passé beaucoup de temps au téléphone pour les accompagner dans leurs démarches numériques. Ces personnes ont aussi pu faire appel à des voisins ou se rendre au CCAS lors de ses jours d’ouverture.

Y a-t-il des points positifs que vous avez pu relever ?

« Oui, j’ai été très agréablement surprise par le comportement de certains. Des personnes qui avaient beaucoup de mal à activer des leviers pour faire face aux difficultés qu’elles pouvaient rencontrer ont déployé de nouvelles ressources pour franchir ces obstacles !Une belle solidarité s’est aussi créée rapidement avec nos partenaires. Je ne me sens pas seule pour gérer cette crise dans mon service, je suis en contact étroit avec la Mairie de Saint-Sébastien-sur-Loire , les bailleurs sociaux et le CCAS de St-Sébastien, ainsi qu’avec les associations caritatives du territoire (Secours populaire Saint-Sébastien sur Loire, Les Restos du Coeur etc) et bien sûr avec mon responsable. »


Une journée à la Maison Relais

13 mars 2020

Juliette, volontaire en service civique pour une mission de communication, a passé une journée à la Maison Relais et vous en dresse le portrait.

Jeudi 5 mars, je me suis rendue à la Maison Relais, au 346 route du Loroux Bottereau, à Basse Goulaine. Ce service accueille des personnes de plus de 45 ans ayant besoin d’un soutien à l’autonomie. Ce sont souvent des personnes qui ont longtemps été prises en charge par des associations ou bien qui ont vécu un parcours d’errance. Les 32 locataires de la Maison Relais sont répartis en Sud Loire, dispersés sur plusieurs lieux rassemblant généralement 4-5 logements. Sur le site où je suis allée, 7 logements individuels accueillent 8 locataires. Ces logements appartiennent à l’ASBL et sont loués aux usagers de la Maison Relais, en vertu du droit au logement. Entre les logements individuels des locataires, se trouvent les bureaux des salariés et services civiques de l’association ainsi qu’une salle commune.

La journée que j’ai passée à la Maison Relais était un peu particulière. Le soir, un concert était organisé sur le site de la Tannerie de l’association. Chaque année, le Festival Chant’appart est effectivement invité par l’association pour des concerts sur les lieux de vie des usagers. Pour préparer cet événement, les locataires étaient chargés de réaliser une partie du buffet proposé à la fin du concert. Quiches, tartes aux pommes et toasts ont alors été confectionnés tout au long de la journée, chaque locataire étant spécialiste et responsable d’une tâche particulière.

Entre deux tartes, deux locataires m’ont ouvert les portes de leur logement pour me permettre de voir leur lieu de vie quotidien. J’ai été touchée qu’ils acceptent de me présenter une part de leur intimité. Ils m’ont alors parlé de leurs disques préférés, de leurs animaux et des compétitions sportives qu’ils suivent assidûment.

Gilles, dans son logement qu’il m’a gentiment ouvert.

En dehors des événements ponctuels et particuliers comme le concert Chant’appart, des animations sont régulièrement mises en place à la Maison Relais. Toutes les deux semaines, la salle commune dans laquelle nous avons passé la journée est investie par une des deux services civiques et par une bénévole, dans le cadre d’un atelier cuisine. C’est alors l’occasion pour les locataires de cuisiner des plats équilibrés. Au cours de cet atelier, des repas sont préparés pour deux semaines, mis en barquettes et congelés chez les locataires. Cette activité leur permet aussi de développer leur esprit d’entraide et leur autonomie.

Un potager a également été créé à la Maison Relais, que l’on peut apercevoir depuis la salle commune. Il est entretenu par les locataires, chargés de semer, entretenir et récolter divers fruits,légumes et plantes aromatiques. Comme l’atelier cuisine, l’entretien du jardin permet de développer de nombreuses qualités chez les locataires, devants’investir sur le long terme pour voir le résultat de leurs efforts. B.,moniteur éducateur à la Maison Relais, m’a d’ailleurs confié que ce qu’il aime ici, c’est que les projets s’inscrivent sur un temps long, les locataires n’ayant pas de durée limitée de séjour.

Gilles, dans le potager dans lequel il s’investit beaucoup, en 2018.

Un dimanche par mois, l’un des deux moniteurs éducateurs organise une sortie pour les locataires. Quelques animations sont aussi mises en place ponctuellement. Cette semaine, l’une des deux services civiques a par exemple organisé une sortie au théâtre. Enfin, un séjour annuel permet aux locataires de se couper de leur quotidien le temps de quelques jours.

Concernant le soutien des salariés de l’association, ceux-ci aident les locataires dans leurs démarches administratives et sociales et les accompagnent à leurs divers rendez-vous. Les services civiques viennent également soutenir les locataires dans leur quotidien. Chaque semaine, l’une d’elles conduit ceux qui en ont besoin dans leurs diverses courses.

La Maison Relais est finalement un service permettant à des personnes souvent isolées et ayant besoin d’un accompagnement de vivre dans un logement individuel décent sans être exclus socialement.


Journée internationale des droits des femmes

8 mars 2020

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, les femmes des services administratifs de l’association ont donné leur point de vue sur l’état des droits des femmes en France. Et sur les inégalités que les femmes subissent encore aujourd’hui.


L’une des collègues interrogées se souvient du « guide de la parfaite ménagère » dont sa marraine lui parlait. Cela semble si lointain. Comme les autres femmes interrogées, elle salue les avancées qui ont eu lieu dans les années 60-70. M. cite notamment le droit à l’avortement (1975) ayant permis aux femmes de disposer de leur corps et le droit d’ouvrir un compte bancaire (1965), signe d’une émancipation financière. Les femmes sont désormais reconnues en tant qu’individus et non plus « femmes de », « filles de » ou « mères de ».

Malgré ces avancées, des inégalités persistent aujourd’hui. Les femmes interrogées évoquent notamment le monde professionnel encore marqué par les différences de salaire (femmes : 1986€ ; hommes : 2438€*) et l’accès inégal à certaines professions. Sur ce point, M. relève pourtant que l’ouverture de certains métiers aux femmes ont permis des améliorations importantes, comme dans le domaine médical. L’arrivée des femmes aux postes de médecins et gynécologues ont effectivement permis de pointer du doigt la mauvaise prise en charge des femmes et les violences gynécologiques.

Une de nos collègues indique qu’elle n’a jamais vu dans notre secteur d’activité de discrimination en termes de salaires. Dans notre cas précis, ce n’est pas l’association « employeur » qui crée ces discriminations. En effet, elle précise qu’hommes et femmes sont embauchés selon une grille indiciaire avec une progression des salaires programmée. S’il y a différence, c’est que l’on compare les salaires des hommes, qui sont majoritairement pour un travail à temps plein, aux salaires des femmes qui peuvent travailler à temps partiel (voulu ou subi). La comparaison doit être faite sur un taux horaire à poste identique. Toutefois, à temps plein, le salaire des femmes équivalait seulement à 83,5% du salaire des hommes travaillant à temps plein, en 2015.

Sur la capacité des femmes à occuper certains postes, notre collègue a constaté au cours de sa carrière que plusieurs de ses collègues, qui auraient pu prétendre à certaines fonctions, ont souvent fait le choix de se mettre en retrait de leur vie professionnelle pour s’occuper de leurs enfants (travail à temps partiel, organisation de la répartition du travail sur la semaine…), ce qui effectivement pouvait être incompatible avec la prise de certaines responsabilités. Un autre facteur de différence tient aussi au fait que lorsque les deux membres du couple travaillent, des choix doivent être réalisés en matière de carrière respective et des priorités peuvent s’imposer (mobilité).

C. pense qu’il y a un réel enjeu à la suppression des stéréotypes dès le plus jeune âge pour libérer les vocations. L’une de nos collègues confie d’ailleurs qu’avec du recul, elle aurait aimé devenir ingénieure. Pourtant, le message principal qu’elle recevait étant enfant était surtout celui de trouver un bon mari et de faire des enfants.

C. et T. évoquent aussi les professions, souvent peu qualifiées ou faisant appel à un pseudo instinct maternel, desquelles les hommes sont généralement absents. Il suffit de constater que l’on parle de « maîtresse », « caissière », « assistante sociale » ou « secrétaire ». Cette image réductrice de la femme bride les vocations et nourrit les clichés.

Une collègue au travers d’une de ses récentes lectures concernant le féminisme tient aussi à évoquer le « travail invisible » des femmes qui, paradoxalement, semble plus difficile à assumer avec leur émancipation. En effet, les gains obtenus par les femmes sur certains plans dont l’accès au travail, se cumulent encore avec toutes leurs fonctions au quotidien « on doit être une bonne élève, une citoyenne, une maman, une femme, une amante… Plein de casquettes ! ». Selon une étude, des progrès restent donc à faire, les femmes consacrant en moyenne, en France, 3h26 par jour aux tâches domestiques, contre 2h pour les hommes**.

Notre collègue pense que pour faire évoluer les mentalités tout est une question d’équilibre : rien ne peut se faire sans impliquer les hommes. Elle remarque que la femme s’est émancipée, mais elle a (et la société !) peut-être oublié de guider l’homme dans son changement de rôle. Aujourd’hui, notre collègue considère que si l’on souhaite que la lutte pour les droits des femmes réussisse, il faut qu’elle soit co-construite avec les hommes. C’est un schéma de société totalement nouveau qu’il convient de réécrire, ensemble. Il faut réussir à déconstruire les rôles attribués aux femmes et aux hommes en fonction de leur sexe.

La lutte contre les discriminations liées au sexe doit, selon C. et T., passer par l’éducation. En parvenant à modifier les manières de penser au sein de la cellule familiale, la société dans son ensemble bénéficierait de ces évolutions en conséquence.

Selon M., l’un des combats à mener en priorité est celui du harcèlement et des agressions de rue. Il est important que les femmes trouvent leur place dans l’espace public. Il lui paraît intolérable que les femmes se sentent en insécurité dans la rue, espace ouvert à tous. En effet, au cours de leur vie, huit françaises sur dix (81%) ont déjà été confrontées à au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue ou les transports en commun***.

M. considère que s’il existe encore aujourd’hui une journée dédiée aux droits des femmes, c’est bien que de nombreux combats restent à mener pour parvenir à l’égalité entre les sexes. Elle déplore que cette journée soit transformée en « journée de la femme », récupérée par des motivations marketing. Elle confie aussi qu’elle détesterait qu’un homme lui offre des chocolats ou des fleurs et préfèrerait qu’il consacre le temps qu’il a pris pour ces achats inutiles à se documenter sur les inégalités de sexe.

Pour finir, une de nos collègues nous conseille fortement d’aller voir «Woman » un documentaire très fort sur le sort des femmes qui donne la parole à plus de 2000 femmes dans plus de 50 pays au travers le monde.


Déborah nous parle de son expérience en tant que volontaire en service civique depuis avril 2019. Cette mission riche en expériences et rencontres se poursuit jusqu’en novembre prochain.

Après un BTS dans le domaine bancaire, je ne souhaitais pas poursuivre dans ce secteur car je voulais trouver une activité qui me permette de retrouver des valeurs importantes pour moi comme la solidarité, l’empathie et le respect de tous. C’est dans cette optique que Pôle Emploi m’a parlé du service civique, comme d’une expérience pour apprendre à connaître le secteur associatif et les différents métiers au sein de celui-ci. J’ai donc postulé pour une mission proposée par l’Association Saint-Benoît Labre, au sein du service dédié aux Mineurs Non Accompagnés.

Ma mission se déroule dans l’un des foyers d’urgence gérés par l’association, au sein d’une équipe constituée de plusieurs auxiliaires socio éducatifs, ainsi qu’une coordinatrice et une cheffe de service. Le foyer accueille 36 jeunes garçons venant de l’étranger, qui sont isolés en France.
La première mission dans le foyer est l’accompagnement au quotidien :

  • gérer les différents rendez-vous des jeunes (leur rappeler et les réveiller si besoin, leur expliquer comment s’y rendre, les rassurer et parfois les accompagner… )
  • faire participer tous les jeunes à l’entretien du foyer et aux tâches ménagères communes (apprendre à utiliser les différentes machines et produits, mise en place de planning… )
  • organiser une réunion hebdomadaire avec les jeunes, et être présent pour répondre à leurs demandes spontanées.

Ces tâches du quotidien sont essentielles pour les jeunes car elles leur permettent de gagner en autonomie, mais également d’apprendre à connaître l’équipe éducative et les autres jeunes. Mon rôle est ici de soutenir l’équipe dans l’organisation du quotidien. J’apprécie beaucoup cette partie de la mission car ce sont des moments qui permettent de discuter avec les jeunes, de faire connaissance et ainsi de créer des liens avec eux.

Notre deuxième rôle est de proposer différentes activités aux jeunes, sur le foyer ou à l’extérieur : pour cela nous avons mis en place un tableau hebdomadaire où chaque membre de l’équipe peut proposer des activités (sorties, cours, bricolage, jardinage, cinéma, baby-foot…). Les jeunes peuvent s’inscrire ou bien proposer une activité qu’ils organiseront. Par exemple, je propose régulièrement des cours de français car beaucoup de jeunes apprécient et sont surtout très motivés pour progresser car c’est un pilier pour la suite de leur parcours. Certains nous ont également donné des cours de Bambara (langue du Mali) à leur tour !

Beaucoup de jeunes aiment le sport et surtout le football. Des sorties sportives au gymnase sont régulièrement organisées, nous avons fait du foot en salle, du basket et des jeux de ballons. Nous profitons aussi des événements culturels organisés régulièrement par la Ville comme le Voyage à Nantes, Transfert mais aussi les animations dans les parcs mises en places tout l’été.

Nous faisons également chaque semaine un goûter spécial cuisiné par les jeunes : riz au lait, gaufres, pain perdu, alloco (bananes plantains frites), khouti (beignet de manioc râpé)… Le menu est proposé par les jeunes lors de la réunion hebdomadaire et nous allons faire les courses ensemble. C’est une activité très appréciée par tous car c’est un moment d’échange où les jeunes et l’équipe partagent de leur savoir culinaire, tout en apprenant sur la culture de l’autre.

J’ai également pu animer avec une collègue un atelier de sensibilisation sur la consommation de sucre et ses effets sur la santé. Nous avons choisi ce sujet car la plupart des jeunes sont très friands de produits sucrés, et souvent ne sont pas conscients des conséquences d’une surconsommation. Je trouve cette partie de ma mission très intéressante et importante car nous avons pu échanger avec les jeunes grâce à des animations, répondre à leurs questions et dans le même temps leur transmettre des informations essentielles pour qu’ils puissent prendre soin de leur santé.

Mon expérience de service civique au sein de l’association m’a permis de découvrir plusieurs aspects de certains métiers, de rencontrer différents types de public et ainsi de développer mes compétences en terme de relations humaines et interculturelles, d’écoute et de pédagogie. J’ai ainsi pu confirmer mon envie de continuer mon parcours professionnel dans le domaine de la solidarité, et du monde associatif.

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